Je n’ai pas pu être là. Je n’ai pas hurlé, pas eu peur. Je ne me suis pas révolté.
J’ai été absent, loin. Devant la télé, avec mon ordinateur sur les genoux et mon portable à la main. Cette absence démange, marque, fait mal. Je m’en remettrais jamais.
Pour la dignité, la liberté… Après des années de répression et de peur, le rêve est enfin réalisé,
et je n’ai pas pu être là. Des sanglots d’amertume, des frissons. Une énorme frustration…
Que me reste-t-il ? Des images, des voix et des slogans, vus et entendus à la télévision…
Voix de la détresse et du courage. Voix de l’utopie… L’obsession a crée en moi ce désir de me mettre dans cette révolution, de prendre place dans cette révolution. Imaginer ma présence est devenu mon obsession. Entre euphorie, peur, doute, choc et excitation, mon corps a subit cela à distance. La voix de cette homme sorti la nuit de la libération me hante … Et ses mots provoquent encore en moi une grande émotion.
Comment raisonne tout cela en moi ? Quelle présence et quel corps pour exprimer la révolution… Et le manque aussi a cette révolution… Comment mon corps aujourd’hui incarnera-t-il cet événement ?
Radhouane El Meddeb