Mon idée de départ est empirique. J’ai dans ma famille longuement observé avec attention ma mère, mes tantes préparer le couscous. Plat national, servi à toutes occasions : mariages, circoncisions, deuils… Un même plat pour différents événements qui ponctuent une même existence.
Une constante, l’amour de la préparation, la sensualité des produits, une forme de sacralité, de solennité de ce moment de partage indépendamment des circonstances qui convoquent ce repas.
A travers cette performance « Je danse et vous en donne à bouffer », je suis encore une fois dans ce qui m’anime : danser et cuisiner. Manier légumes, semoule, viande, épices et donner libre cours à mon corps pour à nouveau enter dans la danse.
Ce titre évocateur laisse aisément imaginer ce que pourrait être cette performance. Installé, devant mon couscoussier, je prépare un couscous et je danse avec toute la grandeur, la générosité et la poésie de ces deux arts. Entre concentré de tomate, courgettes, carottes, cannelle, un saut, un regard, une suspension ou une rupture, entre la semoule et un chassé croisé, le plat mijote.
« ça sent bon, ça chante, ça danse et pourquoi pas ça mange !!! »
Proche de l’idée de synesthésie, cette proposition chorégraphique fait appel à tous les sens. Assis de part et d’autre de l’espace scénique, les spectateurs se trouvent saisis par les senteurs qui se diffusent dans l’espace. Le déploiement perceptible de mon corps suit ainsi la lente diffusion du parfum des aliments, dont le temps de cuisson conditionne la durée du spectacle. L’odorat, peu abordé dans le spectacle vivant, a la part belle, c’est en somme une confusion des sens à laquelle tous les convives sont ravis.