Cinq personnages, individus, particules élémentaires d’un tout que l’on peine à voir.
Ils sont réunis par un événement : nos funérailles ? Mis en communion, mais séparés. Chacun, ici, est le miroir de l’autre, son manque et sa fièvre. Chacun déforme son prochain, mais sans l’atteindre, rejoignant toujours par accident le commun d’un chœur brisé, mais sans y prendre garde. Les rencontres sont provisoires, les étreintes inquiètes, thaumaturgiques. La fragilité de ce qui lie ces monades affleure autour d’un geste, d’une main, esquissant un compagnonnage désiré.
Êtres pour la consolation, mais une consolation qui reste un simulacre, une ré-union éphémère.
Le nous, dès lors, est une somme ruinée de je(s) qui aspirent à l’harmonie sans y accéder. Ils s’engagent dans des rituels, dans le vertige de rites inventés : rondes, transes, impossibles pardons. Ce sont des trajectoires brisées, une errance à la recherche d’un ensemble, en quête de tendresse, contre la solitude.
A travers les débris de ce nous, dans le geste isolé de chaque corps, le trait d’union des êtres et des choses est sans cesse questionné. Qu’est-ce qui tisse, compose et décompose notre société ? Destin(s) collectif(s), parcours fragmentés.
Dans « Ce que nous sommes», le commun de l’humanité fuit, échappe à sa re-composition. Il survient par hasard, puis disparaît.