Après avoir exploré dans mes deux premières créations le corps et l’émotion, le désir d’être avec la pièce Pour en finir avec MOI ; le corps et la spiritualité incarnée, les secrets de l’inconnu avec la seconde création Hûwà, Ce lui, j’ai souhaité questionner dans ce troisième solo mon rapport au corps et à la mémoire, la danse dans tous ses états. Je nourris mon travail de recherche des lectures de Genet, Proust et Pessoa, des peintures de Goya aux images des danseuses de Pina Bauch…
La danse existe en moi depuis toujours.
Le désir a suivi l’obsession de danser.
Dans Quelqu’un va danser …, j’ai envie d’être dans une démonstration passionnelle de mon rapport au corps et à la danse, tout en puisant dans la vie réelle. Je veux affirmer mon rapport à la danse parce que c’est un domaine où tout peut advenir au même moment. L’émotion n’est pas statique, elle est déployée. Ce sera plus que jamais narcissique, mais je le défends car cela sera dans le partage. L’enjeu de cette pièce serait de ne pas m’arrêter de danser, d’être dans un état fiévreux, dans un rapport vertigineux au mouvement, jusqu’à la disparition. Car je fais ce métier pour disparaître.
Je suis, j’existe.
Regardez, je danse !
Voici mon moi, ma voix, mon corps, mon reflet.
Un monde commun, les rengaines, les sons qui nous accompagnent, moi je vis avec et je les tords, je les accompagne.
Des « monstres » qui m’accompagnent et me ressemblent, je le sais.
Ils se tordent aussi, sortent d’eux-mêmes pour mieux se montrer ou exister tout simplement.
Danser le monstre en moi, ce qui est tendre et doux, ce qui se tord, rampe.
Partir dans tous les sens, danser partout, n’importe où, faire violence pour dire le désordre dans une grande célébration, une fête au plus intime, tout en dehors, en explosion et pourtant seulement MOI.
Comme un inventaire de souvenirs, accumulation d’époques et de styles.
C’est MOI d’un bout à l’autre, habité par d’autres, défilant par morceau, par bribes.
Regardez, je danse, je suis, j’existe…
C’est moi passionnément, aveuglément, seul avec mon corps et poursuivi par mon ombre, mon reflet ou peut-être un autre.
Comme un narcisse un peu effrayé par son image, partant de moi, c’est le monde qui apparaît au creux de ma conscience, dans les plis, un univers.
Comme les visages chez Proust, retrouvés dans les creux de leurs rides et dans les fêlures de leur corps.
Mes mots à moi sont mon corps, le mouvement, enragé, amusé, amoureux, haineux et généreux.
En mouvement dans et par le mouvement.
Homme, dans toute sa folie, sa quête d’élégance, sa complaisance et sa démesure, son contentement et son exposition.
Désir de dépassement et d’invention… Traverser une autre intimité.
Je me célèbre, je me danse, je me laisse aller.
Je danse, Je m’émeus à disparaître.